LA FILIERE VISUELLE
La situation actuelle
Les acteurs de la filière
L’ophtalmologiste, pierre angulaire de la filière visuelle.
L’ophtalmologiste a une situation très particulière dans l’offre de soins en médecine. C’est la seule spécialité qui couvre l’ensemble d’un appareil, ici l’œil et la vision. Il assure à lui seul les soins de première, seconde et troisième ligne. Aucun exemple comparable n’existe en médecine.
Dans la majorité des pays, l’ophtalmologiste partage les soins de première ligne. L’organisation des soins est alors bien différente. Généralement, les ophtalmologistes se concentrent sur l’aspect médical, les traitements et le suivi des pathologies.
Jusque dans les années 80, deux voies permettaient aux étudiants en médecine d’exercer l’ophtalmologie : le concours de l’internat ou le Certificat d'Études Spécialisées (CES). Les inscrits aux CES assuraient alors les mêmes fonctions que les internes en ophtalmologie, mais sans être formés à la chirurgie.
Suite à la suppression du CES au début des années 80, l'ophtalmologie est devenue pleinement une spécialité médico-chirurgicale.
La spécialité s’est organisée en deux groupes de manière informelle. Les ophtalmologistes CES s’occupaient du tout-venant, tandis que les ophtalmologistes chirurgiens se concentraient sur le traitement des pathologies, et dans une moindre mesure, des consultations tout-venant, comme les prescriptions d’équipements lunettes ou lentilles. Depuis 2017, nous assistons au début du départ en retraite massif des médecins ophtalmologistes, en très grande majorité CES.
L’orthoptiste :
Initialement, l’orthoptiste était spécialisé dans l’examen de la sensorialité et de la motricité oculaire, avec une activité particulièrement développée en rééducation orthoptique.
Le Syndicat National des ophtalmologistes de France (SNOF) est à l’origine de 4 décrets de compétences sur ces 15 dernières années pour les orthoptistes.
En 2002, lorsque le SNOF a mis en avant le développement de l’orthoptie, le Professeur Berland5, portait un regard sévère sur leur formation : « ...De l’avis unanime des professionnels eux-mêmes, la formation qui se fait au sein des facultés de médecine dans le cadre d’une Capacité Nationale est totalement à revoir. Les programmes datent de 1966 ! La formation théorique n’est absolument plus adaptée, la formation pratique est qualitativement très hétérogène, quelquefois excellente, souvent médiocre. Les professionnels acquièrent une compétence plus au travers de leur exercice que grâce à la formation dont ils ont pu bénéficier. »
Aujourd’hui, les décrets de compétences font des orthoptistes une nouvelle profession, leurs champs de compétences s’est élargi. Ces évolutions ont eu pour principal objectif de former des assistants aux consultations des ophtalmologistes. Dans le cadre du « travail aidé », un ophtalmologiste pourrait accroître l’activité de son cabinet de 30-35% en moyenne.
Il aura fallu attendre 2013 pour que les orthoptistes se voient offrir une refonte de leur formation au niveau Licence. Peu d’orthoptistes ont donc actuellement une formation en adéquation avec leur décret de compétence.
L’opticien-lunetier
L’opticien est le professionnel de la santé responsable de délivrance des équipements optiques (lunettes, lentilles, basse vision, …). Il a la charge de l’accompagnement des porteurs dans le choix de leur équipement optique, mais aussi la réalisation de cet équipement. Devant les difficultés d’accès aux soins, en 2007, les opticiens se sont vus autoriser le droit de renouveler les équipements optiques pendant 3 ans, avec une prise en charge par les organismes complémentaires des équipements ainsi réalisés. En 2016, cette modalité a été élargie avec le passage à 5 ans pour les clients âgés de 16 à 42 ans.
Depuis 2008, l’Etat a entamé la réingénierie des diplômes paramédicaux, qui s'inscrit dans l'intégration au processus LMD (Licence-Master-Doctorat). Les opticiens font partie des dernières professions paramédicales à ne pas avoir eu leur réingénierie, ils exercent avec un niveau BTS.
L’optométriste :
L’optométriste est une profession non reconnue par le Code de la santé publique à ce jour.
Il s’agit initialement d’un opticien (BTS, bac+2), qui acquière le titre d’optométriste après l’obtention d’un master en optométrie (bac+5).
Les formations sont délivrées par l’état français, nous comptons aujourd’hui plus de 3000 professionnels formés au niveau Bac+5.
Les diplômés utilisent des subterfuges variés, permettant leur exercice sous des montages divers, souvent en collaboration avec des médecins. Les optométristes exercent en grande majorité en magasin d’optique, en cabinet d’ophtalmologie ou à l’hôpital.
Sa formation de haut niveau lui permet de s’assurer de la santé oculaire d’un patient, de prescrire les équipements optiques (lunettes et lentilles) et de référer dans un délai approprié à l’ophtalmologiste uniquement lorsque cela est nécessaire.
5 Rapport d’étape du Pr. BERLAND, octobre 2003, page 39