LA FILIÈRE VISUELLE
La situation actuelle
Les délais d’attente et l’accès à l’ophtalmologiste
Une étude1 menée fin 2018 pour l’Association des Optométristes de France dresse le bilan national de l’accès à l’ophtalmologiste.
Cette enquête a été menée auprès d'un échantillon de 3873 ophtalmologistes français extrait du répertoire Ameli comprenant 4839 contacts.
Les délais d’attente : près de 3 mois pour un nouveau patient qui souhaite obtenir un rendez-vous auprès d’un ophtalmologiste.
Lorsqu’il est possible de prendre un rendez-vous, le délai moyen est de 79 jours. Dans 59.64% des cas, il ne sera pas possible d'obtenir un rendez-vous pour un patient non connu du cabinet. Seulement 27.58% des ophtalmologistes proposent un rendez-vous dans un délai inférieur à 3 mois.
De fortes disparités régionales.
Nous constatons de fortes disparités dans l’accès aux soins ophtalmologiques selon les territoires. Les délais sont les plus courts en régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Île-de-France. Dans d’autres régions, on observe des temps d’attente beaucoup plus longs, notamment dans le Centre-Val de Loire (157 jours), en Bretagne (124 jours) ou dans le Grand Est (122 jours). Dans 15 départements, il est tout simplement impossible d'obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologiste. 30% des départements peuvent être considérés comme des déserts médicaux.
Alors que l’offre de soins dans la filière visuelle se contracte, nous observons un deuxième phénomène : la concentration de cette offre de soins dans les grandes agglomérations et dans les zones d’attractivité forte.
Aucune solution n’est proposée en cas de refus de rendez-vous.
Plus de 80% des ophtalmologistes qui ont pu être contactés ne proposent aucune solution. Le renouvellement des lunettes par les opticiens n’est jamais encouragé.
60% de l’offre en ophtalmologie est inaccessible.
Secrétariat injoignable ou toujours sur répondeur, ophtalmologiste qui ne prend pas de nouveaux patients ou qui ne s’occupe pas des prescriptions de lunettes… Près de 60% des ophtalmologistes sont inaccessibles à un nouveau patient qui aurait besoin d’une prescription de lunettes. Ce taux de refus est d’ailleurs en augmentation de 37% par rapport à 2015.
Parmi les causes de l’impossibilité d’obtenir un rendez-vous, citées par les ophtalmologistes de l’étude, 16.29% de ces derniers refusent de prendre de nouveaux patients, et 11.01% disent ne pas s’occuper de la prescription de lunettes.
S’il est tout à fait compréhensible qu’un nombre croissant d’ophtalmologistes choisit de se concentrer sur la pathologie, qui est leur cœur de métier, rappelons que les ophtalmologistes sont actuellement les seuls prescripteurs d’équipements optiques. Il s’agit ici d’un enjeu majeur de santé publique qui doit alerter sur la capacité de notre système de santé à donner accès à tous aux prescriptions optiques, tout en proposant un haut niveau de dépistage et de prévention.
1 Enquête FlexiCall pour l’AOF, l’accès à l’ophtalmologiste en France, janvier 2019
