LA RÉGLEMENTATION
Lever les freins historiques
Le cumul prescripteur-vendeur
Permettre à un même professionnel de prescrire et de vendre des équipements d’optique pourrait conduire à un conflit d’intérêts préjudiciable aux patients et à leurs assureurs. Si les optométristes étaient légalement reconnus par le Code de la santé publique, cette critique fondamentale justifierait une séparation stricte entre leurs activités de prescription et les activités de vente.
La priorité des optométristes étant de pratiquer à hauteur de leurs compétences en santé visuelle, plusieurs modèles de séparation entre prescription et vente sont envisageables :
- Une séparation stricte des locaux de l’opticien et de l’optométriste : les optométristes exerceraient uniquement en milieu médical ou libéral.
- Une séparation entre prescription et vente dans les magasins d’optique par la création d’un Code Ethique des Optométristes comme on peut le trouver dans le modèle néerlandais, créant une barrière entre la fonction « médicale » et la fonction « commerciale ». Il impose notamment aux optométristes de fournir une ordonnance à leurs clients afin que ceux-ci puissent acheter leurs produits ailleurs. Les prestations de l’optométriste et celles des équipements optiques sont séparées. De plus, le Code interdit aux optométristes de vendre des produits à des clients envoyés par des opticiens ou d’autres optométristes pour être examinés.
L’expérience clinique
Actuellement, la formation des opticiens ou optométristes est inhomogène en matière d’expertise médicale. Les stages sont de durée variable selon les centres de formation et ne sont pas systématiquement réalisés en milieu médical.
Peu après la mise en place du Master en Optométrie, il a été imposé la réalisation d’un stage clinique de 6 mois dans des hôpitaux parisiens. Le diplôme universitaire de Dépistage en Santé Oculaire, qui constitue une composante du Master, était alors co-délivré par la faculté de sciences et la faculté de médecine.
Ces stages, et la collaboration avec l’U.F.R. de médecine du Kremlin Bicêtre ont été supprimés sous la pression du SNOF, le syndicat d’ophtalmologistes qui reproche aujourd’hui le manque de pratique clinique aux optométristes.
Pour autant, un nombre exponentiel d’opticiens ou d’optométristes exerçant en cabinet d’ophtalmologie ou en hôpital peut justifier d’une expérience clinique significative. Ce sont autant de lieux d’accueil possibles pour des stages en optométrie clinique.
L’Association des Optométristes de France propose de réglementer immédiatement les optométristes pouvant justifier une expérience clinique de 6 mois minimum, et d’imposer la réalisation d’un stage aux optométristes qui ne rempliraient pas cette obligation.
Dans l’optique d’une évolution de ces professions, cette critique justifierait une refonte de la formation des opticiens (passage au niveau licence) et des optométristes avec une durée minimale de stage en milieu médical imposée.